Vroum vroum

En pays bulgarois où je me sis présentement, les moteurs vrombissent. Et plus on en a, du pognon parce qu'ici avoir en est le synonyme, forcément, et plus il est gros, et plus il fait du bruit. Et on s'en sert. Autant que des baffles calibrés pour une discothèque géante intégrées au bolide toute option. S'agirait pas de passer inaperçu, tout de même. D'ailleurs ici tout le monde est sourd à force. Sourd à la sècheresse, aux maux du monde, aux inégalités qui ne sont que justice des qualités individuelles de chacun. D'ailleurs, c'est la justification imparable : "je suis parti de rien et j'ai réussi, je mérite, les autres n'avaient qu'à faire pareil", non mais alors. On va pas s'encombrer de pensées chagrines, qui vous empêche de vrombir tranquille.

Les maisons dégorgent, de salons à 12000 euros parce que y'a pas, la qualité ça se paie, de climatisations toute fenêtres ouvertes, d'écran plats à coins carrés 16/9 téléguidées eux aussi à fond. Le tout surveilllé 24h/24 par des caméras ultra sensible qui vous mettent à l'abri des envieurs.

Par contre, ne sortez pas des appartements, là tout n'est plus que misère. Le radiateur de l'escalier, absent, pour chauffer qui ? tout le monde, bien trop cher, et puis quoi encore. De toute façon les fenêtres sont cassées depuis 3 ans, et personne ne va les remplacer. L'ascenseur, car il y en a, tombe en panne 2 fois par jour, la lumière blafarde qui l'éclaire les bons jours, évite de trop voir la rouille, la grille qui ne tient plus qu'à un tortillon.

C'est sûr on est libre. De dire du mal des politiques. De raconter des blagues anticommunistes voir anti-libérales, de voyager même. C'était insupportable, inexcusable, ça ne pouvait pas durer. C'est certain. Mais de toute façon, les bulgares n'en plus rien à faire de la politique, à quoi ça sert, des voleurs tous, dans son Subaru dernier modèle, la qualité de l'école publique, l'accès des soins pour tous, ça devient relatif tout ça, de toute façon c'est de l'utopie.

On a ici bien plus qu'ailleurs jeté le bébé avec l'eau du bain. On est de droite sans le savoir, charitable dans le meilleur des cas. En bulgarie, on a réussi ou on a sombré, le train n'a pas attendu, pour la grande révolution capitaliste. Même ceux qui n'en ont pas profité l'assument, et c'est là tout la terrible dimension de l'échec communiste.