SlumDog Millionaire : histoire d'une indigestion critique

Publié le par La Coche du Mouche

Réconciliée avec le cinéma. J'ai adoré, j'ai souffert aussi.  Allez-y.

Allez-y.

En sortant, il a fallu 2h pour que cette lourdeur, là quelque part entre les côtes et le ventre se dissipe. Que la pression retombe. Pour rependre son souffle pour oser reparler d'autre chose sans avoir l'impression de manquer de respect.
Ca fait du bien, de ne pas relativiser, de ne pas trouver qu'objectivement c'était bien, beau le plan séquence, bien le second rôle de la grand-mère, jolie la BO, même si l'ennui pointait son nez, de temps à autre, entre deux vérifications des sms, desfois, on ne sait jamais que le monde ait besoin de vous en urgence.

Dans le rayon des critiques, l'une serait sans doute de ne pas laisser au spectateur le temps de recharger ses accus entre deux scènes. Chaque morceau de puzzle relate tour à tour ou tout à la fois, des aspects d'une réalité indienne vécue par un indien des bidonvilles. Dure la réalité on s'en doute, truffée de clichés sur fond de décor en carton pâte se sont gaussés les critiques intellos (télérama, les inrocks, Première), n'attribuant à ce film qu'une évaluation passable (merci les médias populaires!) alors même qu'il fait l'objet d'un plébiscite quasi unanime du public.

Télérama que j'aime bien d'habitude, regrette je cite, que  "Ce récit invraisemblable souligne au contraire, involontairement, la cruauté d'une réalité très peu glamour". Et, conclusion, c'est un défaut, le film est mauvais.
http://www.telerama.fr/cinema/films/slumdog-millionaire,368142,critique.php

Je suis perplexe, si on reprend la prose fiéleuse de l'auteur partons d'une hypothèse de base communément admise : la mutilation des enfants est cruelle. Ce film finalement en souligne le côté "peu glamour", et c'est pas bien. 
Je les soupçonne chez télérama que ce soit le côté "involontaire" qui soit en l'occurence regrettable. Donc, par conséquent, le réalisateur n'aurait pas eu l'objectif de dénoncer la mutilation des enfants, et c'est tout à fait par hasard qu'une scène quasi insoutenable du film d'un enfant en train de se faire brûler les yeux nous rend la chose "peu glamour". Conclusion Danny Boyle n'a rien contre la mutilation des enfants !

Bref. Ils faut qu'ils arrêtent de vouloir justifier leurs critiques à tout prix, au risque de dire n'importe quoi.

Quant à la critique des inrocks, elle me plonge dans des abîmes d'incompréhension.
http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-article/article/slumdog-millionaire/
Il (le réalisateur) jouerait sur plusieurs tableaux, par un mélange des genres vénal qui ferait la perte du film.
Quelques phrases de la critique censées nous terrasser de conviction :
"Boyle s’appuie sur son talent d’illusionniste, filmant en biais, caméra à l’épaule, et colorant les images pittoresques de slums ",  "il joue sur du velours, se repaissant de ce croustillant tableau tout en déplorant sa noirceur", et si vous n'êtes toujours pas convaincus l'argument de fin devrait gommer vos dernières réticences, "Boyle dévalue le cinéma. Il en fait un simple produit dérivé de la télévision vulgaire pour gogos. On n’en attendait pas moins d’un tel arnaqueur".
Monsieur Ostra, calmez-vous, ça ne vous rendra guère plus célèbre d'avilir ceux qui ont réussi mieux que vous - aurais-je envie de répondre à l'auteur de ce pamphlet pour en égaler la mauvaise foi.

 

La nuit portant conseil et calmant les emballements précipités que ne peut manquer de soulever "SlumDog Millionnaire", voici le maigre butin de "reproches" que le film mériterait, peut-être. Un peu trop de parti pris, un peu de manichéïsme, les méchants sont toujours méchants, les gentils sont les pauvres. Un manque de distance absolument délibéré du propos. Cette musique prenante qui vous fait courir en même temps que les gamins ne laisse pas de temps pour la réflexion,les images s'imposent, et forcent l'émotion.

Oui peut-être. Mais certains films ne vous donnent tout simplement pas envie d'en disséquer les maigres défauts tant ceux-ci font partie intégrante de leur succès.



Post-csriptum du 23/02/2009
Il y a une justice. Slumdog Millionnaire a remporté 8 Oscars, dont 3 parmi les plus importants :
Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario - adaptation, Meilleure musique de film, Meilleure chanson originale, Meilleure direction photographique, Meilleur montage, Meilleur mixage son.

Ce qui ne constitue pas, je l'admets volontiers,  un argument irréfutable de la qualité du film, mais ça fait bien plaisir quand même.

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